La marionnette dans une bulle
Il m’a emmenée vers un endroit qui m’était inconnu. Tout autour de moi, je ne reconnaissais rien. C’était la première fois que j’entrais ici. Tout n’était que brouillard et bruit de fond. Des voix que je connaissais à peine ou que je n’avais pas pris la peine d’écouter. Après avoir regardé autour de moi, je l’ai cherché des yeux. En vain. Il avait disparu. En face de moi, il n’y avait qu’une chose. Une bulle. Une énorme bulle. Elle me paraissait si confortable.
De là où j’étais, je me sentais si vulnérable. Il me fallait une protection. Quelque chose qui pourrait m’aider. J’ai passé une main dans cette bulle, un pied et puis sans vraiment que je m’en rende compte tout mon corps. Je me suis assise.
Ici, le calme est présent. J’entends toujours des voix légèrement familières mais quoiqu’elles disent, elles ne pourront pas m’atteindre. J’ai appris à me déplacer avec cette bulle. Je ris avec certaines ombres qui me semblaient plus familières que d’autres. Mais je réalise que je n’ai pas le moindre impact de là où je suis. Je ne peux plus toucher le monde réel.
Etais-je aussi invisible auparavant ? N’étais-je qu’un sourire ? Etais-je déjà venue dans cette bulle ? Est-ce le monde réel que j’observe ? M’étais-je autant voilée la réalité ? Je ne parviens pas à répondre à ces questions. A moins que la réponse positive ne m’effraie plus qu’autre chose.
Il y a beaucoup de personnes également dans cette bulle. Je ne les vois pas. Je ne les connais pas. Mais je sais qu’il y en a qui vivent la même chose que moi. De là où je suis maintenant, je me sens forte. Je me sens capable de tout. Je n’ai pas à affronter de front la réalité pour l’instant. Je l’effleure. Je la frôle. Rien de plus. Je n’ai pas envie de m’y mettre totalement.
Ce que j’étais auparavant et ce que je suis maintenant...Cela n’a pas vraiment d’importance. Je suis à l’aise dans ma bulle. Loin des moqueries. Loin du stress. Plus rien ne m’importe. Toutes les choses qui me concernent sont à peine effleurées par mon doigt.
Je suis consciente que je vivrais difficilement le jour où je devrais quitter ma bulle. Cette grande bulle rose qui me protège du monde extérieur. Mais ce n’est plus une carapace. Elle ne se détruit pas à coup de marteau. Il suffit de souffler ou de poser son doigt dessus. Mais après ? Une carapace, cela se reconstruit. Mais est-ce qu’une bulle, cela se crée à nouveau ?